Le régime alimentaire de l’aigle, carnivore et chasseur émérite

Le Parc de Courzieu abrite plus de 40 espèces de rapaces, soit environ 200 oiseaux. Ces fabuleux animaux suscitent la fascination du public, qui nous interroge souvent sur leur vie ou leur comportement.

Nous sommes fréquemment amenés à expliquer ce que mangent les aigles, par exemple. Aujourd’hui, nous nous intéressons donc au régime alimentaire de l’aigle.

L’aigle, chasseur opportuniste et redoutable prédateur

Lorsqu’on observe un aigle, il est assez facile de deviner quelle est son alimentation. Le bec solide et les serres puissantes et l’envergure des ailes indiquent un chasseur aérien de premier ordre. Et en effet : l’aigle est un carnivore et un prédateur hors pair. Ses ailes lui permettent de planer pour repérer ses proies, puis de plonger en piqué pour s’en emparer. Ses serres capturent efficacement le gibier et l’empêchent de s’enfuir. Enfin, son bec courbe est conçu pour déchiqueter aisément ses proies.

L’aigle se nourrit de viande et choisit ses proies selon leur disponibilité sur son territoire de chasse. Selon les espèces et les lieux, il peut manger :

  • des ongulés : chevreuils, jeunes chamois…
  • des rongeurs et lagomorphes : souris, campagnols, mulots, rats, écureuils, ragondins, lapins de garenne, lièvres, marmottes…
  • des mammifères de taille modeste, comme les renards ;
  • des oiseaux : passereaux, gallinacées, ainsi que leurs œufs ;
  • des reptiles (essentiellement des lézards, les serpents étant l’apanage du circaète Jean-le-Blanc) ;
  • des batraciens (surtout pour les espèces spécialisées) ;
  • des insectes (en complément ou en période de disette) ;
  • des poissons (pour les aigles pêcheurs comme les pygargues) ;
  • des charognes.

Comme bien d’autres prédateurs, l’aigle choisit ses proies selon un critère principal : une dépense énergétique minime pour un apport calorique maximal. Ses talents de chasseur et sa forme physique, ainsi que la qualité nutritionnelle du gibier et les techniques de défense qu’il déploie conditionnent le choix des espèces ciblées. Il est, comme tant d’autres, un prédateur opportuniste avant tout.

L’alimentation des aigles : différences selon les espèces

En France, on trouve essentiellement quatre espèces d’aigles, qui possèdent des régimes alimentaires distincts :

  • L’aigle botté se nourrit surtout d’oiseaux, qu’il capture en vol avec une grande dextérité. Il se nourrit des espèces qu’il trouve sur son territoire : alouettes, corneilles, étourneaux, geais, grives, merles, moineaux, perdrix, pies, pigeons… Il lui arrive également de consommer des insectes et des rongeurs, voire de voler les œufs dans les nids d’autres oiseaux.
  • L’aigle de Bonelli est un chasseur éclectique, qui attrape ses proies au sol ou en vol et chasse souvent en duo. Son régime alimentaire se compose de lapins, d’oiseaux (petits rapaces et corvidés), de rongeurs et de lézards.
  • L’aigle royal, de par sa taille, peut s’attaquer à des proies imposantes. Il privilégie le gibier jusqu’à 5 kg, mais peut aussi tuer de jeunes ongulés jusqu’à 15 kg. Il consomme alors sa proie sur place, car il ne peut pas la transporter. Son régime alimentaire comporte notamment des gros rongeurs et des lagomorphes, ainsi que de petits mammifères, mais il ne dédaigne pas les charognes en période de disette.
  • Le pygargue à queue blanche est un excellent pêcheur, en eau douce ou salée. Il consomme des poissons, mais aussi des batraciens, des oiseaux d’eau, des petits mammifères et des charognes à l’occasion.

Techniques de chasse chez les aigles

Les aigles sont des carnivores. À ce titre, ils doivent donc chasser leurs proies, car les comportements nécrophages restent ponctuels.

On distingue deux techniques de chasse chez les aigles : l’affût et l’attaque en piqué. L’aigle royal, par exemple, chasse en vol à basse altitude, en profitant du couvert de la végétation pour se camoufler et voler à ras du sol jusqu’à surprendre sa proie. Il lui arrive aussi de se poster sur un perchoir bénéficiant d’une vue dégagée. Il attaque en un bref piqué, serres en avant pour saisir sa proie. Ses attaques misent sur l’effet de surprise, mais, comme tous les prédateurs, seuls 10 % d’entre elles environ s’avèrent fructueuses.

L’aigle de Bonelli capture ses proies au sol ou en vol. Il les repère en planant ou depuis un perchoir. L’aigle botté, quant à lui, chasse exclusivement dans les airs. Il survole son territoire et, lorsqu’il a repéré une proie, fond sur elle en piqué. Il ajuste son angle d’attaque par paliers, avant de percuter sa proie en vol ou de la plaquer au sol. Il lui arrive aussi de « plonger » littéralement dans les arbres afin de surprendre le gibier qui s’y cache.

De son côté, le pygargue à queue blanche repère ses proies depuis un affût ou en vol, en décrivant de larges cercles. Comme l’aigle royal, il attaque les serres en avant. Le pygargue chasse souvent en duo et mise sur l’effet de surprise, sauf dans le cas des oiseaux, qu’il épuise afin de pouvoir les capturer. Il lui arrive aussi de pêcher directement dans les étendues d’eau peu profondes, qu’il parcourt à la recherche de gibier.

Les aigles du Parc de Courzieu

En partenariat avec d’autres sites partageant la même vision, notre parc remplit une mission de conservation des espèces. Pour cette raison, nos volières de reproduction ne sont pas accessibles au public.

En revanche, nous vous présentons quotidiennement un spectacle de rapaces en vol libre au sein de notre amphithéâtre en plein air. Découvrez les aigles en simulation de prédation et admirez les techniques de chasse de ces fabuleux oiseaux ! Nos animaliers vous expliquent aussi tout ce qu’il faut savoir sur le mode de vie des rapaces.

N’hésitez pas à visiter le parc et poser toutes vos questions à nos animaliers.