Que mangent les aigles et quelles sont les techniques de chasse ?

Comment reconnaître les rapaces en vol ? Où peut-on voir des vautours ? Que mangent les aigles ? Autant de questions que d’innombrables visiteurs posent aux soigneurs du Parc de Courzieu lors de leur visite…

Aujourd’hui, nous nous intéressons donc au régime de l’aigle, ainsi qu’à ses techniques de prédation.

En quoi consiste l’alimentation de l’aigle ?

Il y a en France huit espèces d’aigles répertoriées, dont certaines sont présentes toute l’année et d’autres de façon seulement anecdotique. Pour des raisons pratiques, nous nous concentrerons ici sur les espèces endémiques, à savoir : l’aigle botté, l’aigle de Bonelli et l’aigle royal.

Le régime alimentaire de l’aigle est celui d’un carnivore : il se nourrit exclusivement de viande. Parmi ses proies de prédilection, on trouve :

  • sans surprise, bon nombre de rongeurs, qui ont l’avantage d’être nombreux, présents toute l’année et relativement faciles à capturer : souris, campagnols, rats, mais aussi marmottes, voire hamsters ou écureuils ;
  • des mammifères jeunes ou de petite taille : lièvres et lapins, jeunes renards ou faons…
  • des oiseaux : essentiellement des gallinacés (faisans ou perdrix, ainsi que les volailles de basse-cour) et des corvidés, mais aussi les pigeons, les canards et, parfois, certains rapaces de petite taille ;
  • des reptiles : bien que peu appréciés, les lézards peuvent constituer un repas d’appoint en l’absence d’autre proie.

En France, seul le balbuzard pêcheur s’intéresse aux poissons.

Le régime alimentaire des aigles de France selon leur espèce

L’aigle botté se nourrit de mammifères, reptiles et oiseaux de taille moyenne, en s’adaptant à la faune locale. En France, il consomme surtout des volatiles, du moineau à la perdrix en passant par le geai ou la pie. Il peut lui arriver de se nourrir d’insectes, voire de voler les œufs dans les nids des oiseaux.

L’aigle de Bonelli mange des rongeurs, oiseaux et reptiles qu’il trouve à proximité immédiate de son aire. Cependant, en cas de disette, il est capable de s’éloigner considérablement de son territoire. On a ainsi vu des aigles de Bonelli originaires du Lubéron chasser le goéland en bord de Méditerranée !

Quant à l’aigle royal, sa stature plus imposante lui permet de chasser des proies plus grosses. Il ne dédaigne pas non plus les charognes, à l’occasion. Toutefois, il adapte son régime alimentaire aux espèces présentes sur son territoire, avec une prédilection pour les animaux entre 1 et 5 kg.

Comment les aigles chassent-ils leurs proies ?

Dotés d’une vision perçante, qui a donné lieu à l’expression consacrée « avoir des yeux d’aigle », ces rapaces diurnes se servent de ce sens hyper-développé pour repérer leurs proies depuis les hauteurs où ils planent. Les aigles chassent à vue, profitant de leur invisibilité depuis le sol pour fondre sur les infortunés animaux qui constitueront leur repas…

L’aigle royal capture ses proies au sol, en piqué, après un repérage minutieux et une approche en vol. Il chasse de jour et alterne périodes d’affût et temps de repos en plané. Il arrive que le couple recherche une proie ensemble, l’un derrière l’autre, à une distance d’une centaine de mètres. Lorsqu’il trouve une proie de grande taille – notamment une charogne – l’aigle royal la dépèce et la consomme sur place, ou la ramène à l’aire par petits morceaux, car il ne peut pas transporter plus de 4 à 5 kg en vol.

L’aigle botté survole son territoire pour repérer une proie. Lorsque cela est fait, il plonge en piqué, souvent par paliers. Il capture sa proie en vol ou au sol, ou encore en ralentissant à quelques mètres de la canopée, puis en fondant sur l’animal à travers le feuillage. En cas d’échec, il remonte en une sorte de « marche arrière » grâce à la portance de l’air, puis reprend de l’altitude pour un nouveau repérage.

L’aigle de Bonelli chasse en duo, depuis un affût ou en vol. Il capture indifféremment ses proies au sol ou en vol.

Il faut savoir que, comme c’est le cas chez beaucoup de prédateurs, les aigles ratent en moyenne 90 % de leurs attaques…

Le régime alimentaire des aigles, atout ou handicap ?

A priori, les aigles adaptent leur alimentation aux espèces présentes. Cela leur permet de s’adapter à la raréfaction de certains animaux, qu’ils remplacent par d’autres sans problème. Le meilleur exemple en est la chute brutale de la population des lapins de garenne, due à la myxomatose, qui a obligé les rapaces à se tourner vers d’autres proies.

Mais cet opportunisme peut aussi s’avérer dangereux, notamment pour l’aigle royal. En effet, les penchants nécrophages de celui-ci entraînent parfois des empoisonnements au plomb, lorsqu’il se nourrit de proies abattues par les chasseurs…

Le nourrissage des aiglons

Les aigles donnent généralement naissance de deux à quatre petits, mais, chez la plupart, le phénomène de « caïnisme » fait que seul un aiglon survit. Ce terme désigne le fait, pour le jeune le plus fort, de pousser hors du nid ses frères et sœurs moins bien constitués… Seul l’aigle botté fait exception : il n’est pas rare de voir deux aiglons s’envoler du nid.

L’alimentation des aiglons est assurée par les parents. Habituellement, le mâle se charge de la chasse et rapporte les proies à la femelle restée au nid, qui en assure la distribution. Les jeunes quittent le nid pour se nourrir seuls au bout de 50 à 80 jours selon les espèces. Cependant, ils restent encore longtemps aux alentours immédiats de l’aire et profitent du ravitaillement parental jusqu’à être complètement autonomes.

Au Parc de Courzieu, vous pourrez admirer de nombreuses espèces de rapaces, dont des aigles en simulation de prédation ! L’occasion rêvée de constater par vous-même la dextérité de ces magnifiques oiseaux et de poser toutes vos questions aux soigneurs passionnés du parc…

Vous souhaitez en apprendre davantage  ? N’hésitez pas à visiter le parc et poser toutes vos questions à nos animaliers !