Découvrez pourquoi le loup fait peur, encore aujourd’hui…

Pourquoi les loups hurlent ? Ce comportement parfaitement naturel répond à une fonction précise, mais ce cri a quelque chose d’angoissant pour qui l’entend la nuit au fond des bois… À l’époque où le grand canidé abondait dans les forêts françaises, son rapport avec l’homme était celui d’un prédateur avec une proie potentielle. Voilà, en partie du moins, pourquoi le loup fait peur.

Cette image de prédateur sanguinaire a été entretenue au fil du temps par les anecdotes – plus ou moins vraies –, les légendes et les contes pour enfants. En effet, dans toute histoire, il faut un « méchant », de préférence bien pourvu en dents et en griffes : un rôle tout trouvé pour Canis lupus !

De nos jours, la crainte suscitée par le loup trouve ses arguments dans la cohabitation difficile avec l’homme sur certains territoires. Reste que cette terreur quasi viscérale a la peau dure… à l’image de Canis lupus, heureusement !

Le grand méchant loup, une figure culturelle

En fait, la peur du loup est profondément culturelle, comme en témoignent les contes. Toutes les civilisations ont une figure équivalente : dans les légendes scandinaves, c’est l’ours qui tient le rôle du « méchant »… Alors, pourquoi est-ce le loup en France ? Tout simplement parce que, jusqu’à son éradication, Canis lupus était le plus grand prédateur présent sur le territoire.

Pendant longtemps, le loup, en tant que « bête féroce », constitue une solution pratique pour faire tenir les enfants tranquilles. « Si tu ne finis pas ta soupe, le loup va venir te manger ! ». En cela, le pauvre canidé endosse simplement la tenue du croque-mitaine ou du Père Fouettard : un moyen pour les parents d’obtenir l’obéissance par la peur.

La vision du loup comme une bête terrifiante remonte à l’aube de l’humanité. Elle a été relayée par les traditions orales, puis écrites. L’un des facteurs qui en font un « méchant » idéal est son mode de vie : il est en partie nocturne, chasse en meute, hurle – soi-disant – à la lune. L’animal touche ainsi à toutes les peurs viscérales de l’homme, remontant sans doute à la Préhistoire : la nuit, les bruits inconnus, les grands prédateurs…

Il n’est d’ailleurs pas le seul à faire les frais de nos terreurs inconscientes. Le hibou, la chouette ou la chauve-souris, à des degrés moindres, ont longtemps souffert de leur statut d’animaux maléfiques et des persécutions qui vont de pair.

Mais alors, à une époque où la science a – en apparence du moins – relégué les croyances archaïques dans l’ombre, pourquoi avons-nous toujours peur du loup ?

De la Bête du Gévaudan au tueur de moutons

En parallèle aux contes et légendes où il est montré comme féroce et sans pitié, certains faits réels sont venus aggraver l’image du loup dans l’imaginaire populaire. En France, c’est la saga de la Bête du Gévaudan qui a joué ce rôle de catalyseur et cristallisé la terreur qu’inspire cet animal.

1764-1767 : le règne de la Bête

Au XVIIIe siècle, si les gens étaient conscients que le loup était un prédateur, les bergers ne le craignaient pas particulièrement. Ils avaient des chiens de garde dont l’action suffisait à maintenir Canis lupus à distance – ce dernier étant, rappelons-le, plutôt farouche. Mais en 1764, en Lozère, tout bascule avec l’attaque d’une jeune fille près de Langogne par une « bête féroce » non identifiée. Elle fut suivie d’une centaine d’autres morts durant les trois années qui suivirent.

En 1764, Duhamel et ses 56 dragons sont dépêchés sur place pour mettre fin au carnage. Dans les faits, ils se montrent non seulement inefficaces, mais encore désinvoltes et irrespectueux envers la population, ce qui finit par entraîner leur rappel à Paris. Pendant ce temps, la Bête du Gévaudan continue à sévir…

En 1765, un louvetier d’exception nommé Denneval d’Alençon arrive à son tour pour traquer la Bête. Se vantant d’avoir tué 1200 loups à lui seul, il se fait fort de venir à bout rapidement du 1201e. Cependant, ses battues ne donnent aucun résultat…

Louis XV finit par envoyer son propre lieutenant des chasses, Antoine de Beauterne, en Lozère. Celui-ci préfère organiser des affûts que des battues, et finit par tuer un très gros loup, désigné d’office comme la Bête. À partir de là, le pouvoir se désintéresse du Gévaudan, mais les attaques ne cessent pas pour autant. Le 19 juin 1767, Antoine Chastel, un enfant du pays, abat à son tour un énorme loup. C’est la fin des meurtres… et le début d’une légende.

Deux siècles plus tard, on ne sait toujours pas quelle était cette bête féroce. Certains affirment qu’Antoine Chastel avait lui-même élevé un loup – ou un croisement avec un chien – et l’avait dressé à l’attaque. D’autres penchent plutôt pour une hyène, également apprivoisée, car Chastel avait vécu en Afrique. Néanmoins, ce que nous connaissons du comportement de ces espèces ne colle pas avec cette version :

  • un chien-loup – ou même un loup – ne disposerait pas d’une agressivité suffisante pour tuer une centaine de personnes ;
  • une hyène ne s’attaque à l’homme que si celui-ci est considérablement affaibli, ce qui n’était pas le cas de toutes les victimes de la Bête ;
  • un animal apprivoisé n’aurait pas reculé devant les chasseurs et n’aurait en aucun cas nécessité trois ans de poursuites acharnées…

Bref : le mystère de la Bête du Gévaudan reste entier… ce qui n’a pas arrangé la réputation du loup.

Le mythe du loup-garou

La première évocation du loup-garou remonte à l’épopée de Gilgamesh, soit 2500 ans avant notre ère. Ce mythe de l’homme-loup, victime d’une malédiction et incapable de contrôler ses pulsions, se retrouve partout dans le monde.

Au Moyen- ge, bon nombre de phénomènes inexpliqués se retrouvaient affublés d’une origine démoniaque ou d’une histoire de sorcellerie. C’est le cas des tueurs en série, que l’on accuse d’être possédés par le démon ou dotés du pouvoir de se transformer en animal féroce. Car, bien entendu, la part de cruauté de l’être humain ne peut être admise : la violence est le propre des bêtes…

Le retour du loup en France et les nouvelles peurs qu’il suscite

Aujourd’hui, chacun sait que le risque d’être attaqué par un loup est nul ou presque. Reste que la peur, ancestrale, viscérale, est encore présente. Le retour du grand carnivore en France suscite davantage d’incompréhensions et de craintes que dans d’autres pays. Pourquoi ? Parce qu’en Italie, en Espagne ou en Roumanie, le loup n’a jamais disparu. Les éleveurs et les habitants ont toujours vécu avec cette présence.

En France, le loup fait l’objet d’une campagne de dénigrement acharnée, basée sur plusieurs cas d’attaques sur des troupeaux. Sans nier cette réalité – après tout, le loup est un chasseur opportuniste – il serait faux de croire que Canis lupus soit la bête dangereuse et assoiffée de sang décrite par des siècles de contes…

Qui craint le grand méchant loup ? C’est pas nous !

Venez rencontrer les loups au parc de Courzieu !