Pourquoi et comment le loup marque son territoire ?

Le loup, jadis considéré comme une bête sauvage sanguinaire, suscite aujourd’hui plus de curiosité que de peur – et c’est tant mieux ! Au chapitre des questions fréquentes de nos visiteurs : pourquoi les loups hurlent, où vit le loup, pourquoi les loups vivent en meute…

Les animaliers du Parc de Courzieu, experts dans leur domaine et fervents défenseurs de leurs pensionnaires, vous font partager leurs connaissances.

Aujourd’hui, nous nous intéressons au sujet suivant : comment le loup marque son territoire ? Suivons la meute afin de mieux comprendre son mode de vie…

Le territoire des loups : un choix décisif

Le lieu où s’établit la meute ne doit rien au hasard. En effet, c’est l’abondance de proies disponibles qui conditionne le choix du territoire des loups. La meute étant capable de couvrir 40 à 70 km par jour, elle peut se déplacer sur de très longues distances pour trouver où s’établir. C’est d’ailleurs ce qui a permis au loup de revenir en France, après y avoir été exterminé sans pitié.

Le domaine vital des loups varie généralement entre 150 et 400 km², là encore en fonction du cheptel de gibier qui y vit. En France, on estime à 200 km² la surface moyenne du territoire d’une meute.

Les frontières de ce domaine sont à géométrie variable. Une fois encore, la meute suit le gibier ; elle peut donc choisir de « déménager » si la nourriture disponible se fait rare sur son territoire actuel.

Le marquage du territoire chez le loup

Une fois établie sur son domaine, la meute doit faire savoir aux autres loups que la place est prise. Pour cela, elle dispose de plusieurs moyens…

Le marquage odorant chez le loup, une façon de signaler sa présence

La technique du marquage urinaire chez le loup, ainsi que le dépôt de fèces, constituent les principaux moyens utilisés par l’animal pour délimiter son territoire. Canis lupus étant doté d’un odorat particulièrement fin, les odeurs laissées permettent à chaque loup de savoir si l’individu qui a marqué son passage appartenait à sa meute, s’il s’agissait d’un mâle ou d’une femelle… Accessoirement, le mâle sait ainsi si la femelle est en chaleur ou pas.

Donc le loup urine ou dépose des excréments pour marquer son territoire. Mais pas n’importe où ! Généralement, ce marquage a lieu un peu en hauteur – sur une souche, un tronc, un rocher – afin d’être plus aisément perçu.

Si deux territoires se côtoient ou se chevauchent, on retrouve le marquage des deux meutes sur la frontière. Toutefois, il est assez rare qu’un membre d’un groupe s’aventure sur les terres de l’autre. Si cela se produit, les propriétaires laissent généralement passer l’intrus, sans pour autant lui manifester un accueil chaleureux ! Ils peuvent aussi défendre leur territoire avec ardeur, si l’intrusion est perçue comme une agression.

Le hurlement pour matérialiser le territoire de la meute

Dans une moindre mesure, le loup dispose d’un autre moyen pour signaler aux autres que la place est prise : parfois, il arrive que la meute hurle pour délimiter son territoire. Ce « concert », qui implique tous les membres du groupe, a une portée de plusieurs kilomètres et ne manque pas d’avertir les loups des environs.

Qui marque le territoire de la meute ?

Comme bien des tâches cruciales, le marquage du territoire chez le loup revient aux alphas. La plupart du temps, c’est le mâle dominant qui se charge de délimiter la propriété… C’est également lui qui préside au choix du domaine vital, au lancement des actions de chasse, et, bien entendu, qui est le seul autorisé à se reproduire.

Notons que les individus isolés ou les duos – couple non reproducteur ou animaux du même sexe – ne possèdent pas de territoire. Ils sont en dispersion, c’est-à-dire en quête d’un domaine sur lequel s’établir et fonder une meute.

Le loup, un animal communicatif

Avec un odorat 80 fois plus développé que le nôtre, le loup a à sa disposition un moyen de communication aussi clair et puissant que, disons, le téléphone pour les humains… Les odeurs constituent une façon de faire passer des messages précis concernant l’âge, le sexe, l’état de santé de l’animal.

Au chapitre de la communication chez le loup, l’odorat est loin d’être le seul sens utilisé. Comme tout animal social, Canis lupus et ses cousins disposent d’un véritable équipement de pointe pour interagir avec leurs congénères :

  • Les vocalises : geignements, gémissements, vagissements, glapissements, grognements, grondements, aboiements, jappements, chant – oui, la meute chante à l’unisson ! – font partie du langage du loup. La palette d’expressions vocales de cet animal est réellement impressionnante et permet une communication très fine, d’autant qu’elle est complétée par un second mode d’interactions.
  • La communication corporelle du loup : ce canidé est éminemment expressif, que ce soit au niveau des expressions faciales ou du langage du corps. Au niveau du « visage », les yeux, le museau, le front, la commissure des lèvres et les oreilles permettent à l’animal de transmettre une large palette de messages. Quant à la position du corps, elle en dit long sur l’état d’esprit du loup : la queue, notamment, est un précieux indicateur.

Vous avez envie d’en savoir plus sur le loup ? Venez rencontrer nos deux meutes qui vivent en semi-liberté au cœur des Monts du Lyonnais. Le Parc de Courzieu abrite des loups gris d’Europe, ainsi que des loups arctiques, dont les territoires respectifs occupent une bonne partie des 25 hectares du site.

Investis dans la protection des espèces et des écosystèmes, nous avons pour mission d’informer le grand public sur les mœurs de nos pensionnaires. Nous luttons ainsi contre les préjugés et les mythes dont sont injustement victimes les loups, tout en incitant nos visiteurs à découvrir un animal attachant, éminemment social et à des lieues du féroce prédateur trop souvent dépeint.

Venez rencontrer les loups au parc de Courzieu !