Les rapaces en France : quelles espèces nichent près de chez vous ?

Si tout le monde ou presque connaît la buse et la chouette hulotte, un grand nombre de leurs cousins demeurent inconnus du grand public. Les soigneurs du Parc de Courzieu vous les présentent !

Les visiteurs du parc sont avides d’informations sur ces fascinants oiseaux. La question « comment reconnaître les rapaces en vol ? », par exemple, est souvent posée à nos animateurs.

Aujourd’hui, nous vous emmenons à la découverte des rapaces en France. Combien d’espèces vivent dans notre pays, qui sont-elles, sont-elles menacées ?… Découvrez toutes les réponses !

Combien de rapaces nichent en France ?

Selon les recensements de la LPO, la Ligue de Protection des Oiseaux, on trouve pas moins de 33 espèces de rapaces en France. Ce chiffre inclut les espèces migratrices – eh oui, il y en a ! – mais prend en compte uniquement celles qui nichent dans l’Hexagone.

Sur ces 33 rapaces, 24 sont des oiseaux diurnes et 9 sont actifs la nuit. Certaines sont visibles très facilement, d’autres se font rares et certaines sont en déclin pour diverses raisons.

Les rapaces diurnes les plus courants en France

Lorsqu’on parle des rapaces français, deux d’entre eux viennent spontanément à l’esprit : la buse variable et le faucon crécerelle. La première, avec sa silhouette trapue et son vol en cercles à moyenne altitude, est certainement le rapace le plus fréquemment observé chez nous. Quant au second, son vol stationnaire « en Saint-Esprit » l’a rendu célèbre !

Un troisième hôte de nos contrées, moins connu du public, est néanmoins fort courant. Vous avez peut-être déjà remarqué ce rapace assez grand, aux ailes pointues et à la queue légèrement fourchue, volant à basse altitude au-dessus des routes… C’est le milan noir, en quête des malheureuses victimes de la circulation pouvant constituer son prochain repas. Son cousin, le milan royal, est également fréquent localement. On le reconnaît aux barres claires sous les ailes et à sa queue plus échancrée.

Les éperviers d’Europe, enfin, font partie des rapaces courants en France. Son corps finement strié sur fond pâle le rend assez facile à identifier.

Rapaces diurnes de France : de l’aigle au vautour, tour d’horizon de nos hôtes

La population de rapaces diurnes en France comprend des oiseaux aux gabarits, aux régimes alimentaires et aux mœurs très divers. Chez les géants, on retrouve le vautour moine, avec son envergure de près de trois mètres, ou le gypaète barbu et ses 275 cm.

L’aigle royal, avec ses 225 cm d’envergure, paraît presque petit en comparaison ! Et que dire de l’épervier mâle, qui ne dépasse pas 65 cm d’une extrémité de l’aile à l’autre ?..

La variété des régimes alimentaires des rapaces est grande. L’autour des palombes, par exemple, se nourrit essentiellement d’oiseaux, tandis que le balbuzard pêcheur affectionne les poissons. La bondrée apivore, quant à elle, mange quasi exclusivement des insectes, notamment des guêpes, des frelons et leurs larves. L’alimentation du gypaète barbu est constituée d’ossements et autres ligaments prélevés sur des carcasses. Les vautours sont aussi charognards, mais ils préfèrent la viande aux os !

En termes d’habitat, la diversité est également de mise chez les rapaces diurnes de France. L’aigle royal construit ses différents nids, appelés « aires », en haut d’une falaise, sous un surplomb rocheux ou dans une cavité. Le busard des roseaux, comme son nom l’indique, vit dans les roselières, aux abords des étangs. La buse variable construit son aire dans les bois, futaies et autres bosquets. Le vautour percnoptère affectionne les parois rocheuses abruptes et désolées, quand le faucon hobereau préfère les prairies humides et les marécages. Le busard des roseaux niche, lui, au sol, caché dans les hautes herbes.

Les rapaces de l’Hexagone sont sédentaires ou migrateurs. Les vautours vivent à l’année sur le sol français. Les aigles aussi sont plutôt sédentaires, sauf l’aigle botté. Le busard cendré et le balbuzard séjournent chez nous d’avril à septembre seulement, quand les busards des roseaux et Saint-Martin ont plutôt tendance à y vivre à l’année. On n’aperçoit la bondrée apivore qu’entre mai et septembre : ensuite, elle prend ses quartiers d’hiver en Afrique. C’est aussi le cas du circaète Jean-le-blanc. Le faucon crécerelle réside dans l’Hexagone de janvier à décembre, quand les autres sous-espèces de Falco passent la saison froide en Afrique…

Enfin, le comportement des prédateurs en vol et les techniques de chasse varient énormément d’une espèce à l’autre. La buse variable, peu rapide, traque ses proies à l’affût, avant de les tuer d’un coup de ses serres puissantes. Le faucon crécerelle et le circaète Jean-le-blanc sont des champions du vol stationnaire en altitude. L’autour des palombes pratique le vol en rase-mottes, les aigles préfèrent les attaques en piqué. Quant à l’épervier, il vole à faible altitude en utilisant son environnement pour se dissimuler aux yeux de ses proies éventuelles. Enfin, le faucon pèlerin est célèbre pour ses attaques fulgurantes d’oiseaux en plein vol : il peut alors atteindre une vitesse de 390 km/h !

Les neuf espèces de rapaces nocturnes de France

Chouettes et hiboux – les strigiformes pour les intimes – sont bien présents dans notre pays. On peut observer cinq espèces de chouettes en France : chevêchette d’Europe, chevêche d’Athéna, hulotte, effraie des clochers et chouette de Tengmalm. Chez les hiboux, on trouve le petit-duc scops, le moyen-duc, le grand-duc d’Europe et le hibou des marais.

Avec ses 19 cm de long pour à peine 39 cm d’envergure, soit environ le gabarit d’un étourneau, la chouette chevêchette est le plus petit rapace nocturne de France. Active au crépuscule, elle niche dans un trou d’arbre, dans les forêts de conifères qu’elle affectionne tout particulièrement. L’autre extrémité de l’échelle des tailles est occupée par l’imposant grand-duc d’Europe, dont la longueur peut atteindre 73 cm pour une envergure de 170 cm !

Le régime alimentaire des rapaces nocturnes est plus homogène que celui de leurs cousins diurnes. La hulotte et la chouette de Tengmalm mangent surtout des rongeurs et, occasionnellement, de petits oiseaux. Le moyen-duc et le hibou des marais se nourrissent presque uniquement de campagnols, ce qui en fait de précieux auxiliaires des agriculteurs… La chouette effraie apprécie les rongeurs, mais ne dédaigne pas les batraciens et les insectes à l’occasion, tout comme la chevêche d’Athéna, qui y ajoute même des reptiles. Quant au grand-duc, il n’hésite pas à s’attaquer à des lièvres ou à de gros oiseaux (gallinacées, corvidés…).

Mis à part le petit-duc scops, qui passe l’hiver dans le sud de l’Europe et en Afrique, les autres strigiformes français sont essentiellement sédentaires. Notez par ailleurs que, malgré leur réputation d’oiseaux nocturnes, certains d’entre eux sont également actifs le jour, comme la chevêche d’Athéna.

Les espèces de rapaces les plus menacées en France

Destruction des habitats, perturbation des lieux de nidification, accidents de chasse, lignes électriques et autres éoliennes… Les menaces qui pèsent sur les oiseaux de proie dans notre pays sont nombreuses, au point d’engager la survie de certaines espèces. Six d’entre elles sont particulièrement surveillées dans l’Hexagone : l’aigle de Bonelli, les trois espèces de busards, le balbuzard pêcheur et le gypaète barbu.

Les busards sont en danger, notamment en raison de la diminution constante de leur habitat naturel, mais aussi de la pollution. Ces oiseaux, qui vivent habituellement dans les steppes et les landes, sont en effet contraints de se rabattre sur les zones agricoles. Comme ils nichent au sol, la mortalité causée chez les jeunes par les engins agricoles est très élevée…

Le gypaète barbu est principalement menacé par la pression de l’activité humaine et voit son taux de mortalité accru par les électrocutions et les empoisonnements.

Un PNA – plan national d’action – a été mis en place en faveur de l’aigle de Bonelli. Ce programme vise à prévenir et à réduire les risques de mortalité induits par les activités humaines, mais aussi à limiter les dérangements sur les sites de reproduction et de nidification, à combattre la destruction de l’habitat, à améliorer les connaissances sur l’animal et le suivi des populations…

La Liste rouge française des oiseaux en danger

Cette liste recense toutes les espèces d’oiseaux menacées sur le territoire, classées par niveau de risque. Le milan royal, par exemple, est considéré comme « vulnérable ». C’est aussi le cas des aigles royal et botté, des busards des roseaux et cendré, du balbuzard pêcheur et du faucon crécerellette.

Chez les rapaces nocturnes, le hibou des marais et la chevêchette d’Europe ont également ce triste privilège… L’aigle de Bonelli, l’élanion blanc, le gypaète barbu et le vautour percnoptère sont classés « en danger ». Le vautour moine est, lui, en « danger critique ». Au total, ce sont donc 14 espèces sur 33 qui sont menacées en France à des degrés divers, soit près d’un oiseau sur deux…

Les rapaces au Parc de Courzieu, de la protection à la présentation

Fidèle à ses valeurs, notre parc est engagé dans de nombreux programmes internationaux de conservation des espèces. Nous disposons d’un centre de reproduction dédié aux rapaces, ainsi que d’une nurserie. En partenariat avec d’autres parcs, nous travaillons activement à la protection des oiseaux.

Les jeunes nés à Courzieu peuvent être envoyés vers d’autres parcs dont la vision est semblable à la nôtre. Ils peuvent aussi rester chez nous et intégrer le superbe spectacle de rapaces présenté quotidiennement dans l’amphithéâtre. À cette occasion, vous pouvez admirer de nombreuses espèces d’oiseaux de proie – y compris des chouettes ! – en vol libre, lors de simulations de prédation époustouflantes.

Vous souhaitez en apprendre davantage  ? N’hésitez pas à visiter le parc et poser toutes vos questions à nos animaliers !